L’odeur des feuilles pourries d’humidité prenait, méchante, la narine dès l’entrée, le sous-bois noir d’immobilité tant que les yeux ne s’étaient pas habitués à la disparision brutale du ciel. Le chemin plongeait à travers les troncs vers la rivière. Comment elle avait fait pour descendre ça, elle commençait à confiner au surnaturel, la vieille. Les traces de pas, la neige, avaient disparu, de la mousse suintaient sur terre et rocailles, joie et lumière, à coté de sapins abrutis d’eau, des traces de brumes stagnaient vers les racines, qu’est-ce que c’était que ce coin horrible dans l’horrible. Il se revit en exercice, un trou, le bruit des balles à blanc, les heures à attendre les fesses dans la terre molles, kékette qui colle, roustons qui font des bonds, vingt dieux, vive la nature. Il s’approchait de la fin de la pente, le chemin hésitait à aller tout droit, se décidait, tournait à gauche. Il filait parallèle à la rivière, qu’on entendait au fond, derrière un plat étouffé de végétation arbustive et griffue. Elle était où, madame pinot à la fin, merde. Ça continuait en faux plat descendant vers la vallée, vers l’Arve, où la rivière perdait sans doute son indépendance dans un grand bol de flotte, étouffée par la moraine crotteuse qui descendait des montagne. Le chemin ou la rivière, la rivière ou le chemin. Landau regardait à droite, à gauche, il était comme un rond de flan. Il s’était arrêté de respirer, essayait d’entendre, une couinement du chien, un gémissement de madame Pinot, un râle, un haletement, enfin, quelque chose quoi, soyez sympa, c’est ridicule, cette situation. Rien. Madame Pinot ! Le chien ! Le chien !