La porte s’ouvre, et c’est sur rien. Landau cligne des yeux. Il n’y a plus personne, pas de chien, pas de madame Pinot, les odeurs flottent orphelines dans la lumière sale. Il fait un tour, le renard aux yeux vitreux, la biche céramiquée verte, oui, le chien le dossier III.6, non. Il sort dans la cour et voit les traces dans la neige boueuse, les petits pieds qui trainent, les petits pattes. Ça partait vers un chemin qui fendait à droite bord de champ vers la forêt. Respirer un bon coup, se détendre. Ça, c’était une idée du chien, à coup sûr, les cons, Landau avait froid. Madame Pinot avait les pantoufles détrempées, elle avançait tétue vers la lisière, des flocons plein la moustache, le chien regardait derrière. Tout était blanc ici. Achille s’était engagé dans le chemin, il les voyait, qu’est ce qu’ils croyaient, deux petites tâches sur le manteau à trois cents mètres, des mouches, à peine des mouches. Peut-être que c’était mieux de lui laisser atteindre le bois. Il avait les pieds mouillés lui-aussi, penser à changer de chaussettes en rentrant. On entendait un cours d’eau en contrebas, bien ça, le cour d’eau, le choc thermique, chez les plus de quatre-vingt dix ça ne ratait jamais. Ils avaient disparu dans les arbres maintenant, elle et le lâcheur de chien, il préférait les vieux en fait. Il attendait encore un peu, jouait avec la neige, trou, rond, trou, finit par faire une boule, ça allait bien la neige mouillée, compacte et lourde vers la cible, perfection du projectile, style du lanceur, visa un poteau de clôture, manqua. Perfection du projectile. Il regarda de nouveau l’endroit où le chemin disparaissait dans la forêt, écouta le bruit sourd et tranquille de la rivière. Bon, bon, bon, allez, baignade.