Elle pèse, madame Pinot, son corps liane humique sur l’épaule de Landau, elle pèse son âne mort. Il chancelle en début de pente, de l’eau plein le cou, l’eau de la blouse, des cheveux, le souffle absent. Il n’avait pas pu la laisser dans la rivière, le flot à pleine moustache, à la merci des charognards, il paraît qu’il y avait des loups dans la forêt, ces salaud de loups. Le chien restait loin derrière, boudait, tâche jaune dans la boue de la pente, l’eau noire de terre ruisselant dégueulasse dans le chemin dégueulasse. Tout le monde y mettait de la mauvaise volonté, dans cette affaire, c’était pas croyable. Dans le champs, la pluie avait déjà détruit la couche de neige mouillée, c’était une désolation de vert triste, le chemin trainait sa peine jusqu’à la maison. Traverser la cour, porte. Où on la laisse madame Pinot, le chien ? Il avait envie de le provoquer, cet hypocrite, ça commençait à bien faire maintenant, il l’avait tout de même sauver d’un ennui atroce, d’une dépression certaine, chez monsieur kaufer (il fait juste son travail, aurait dû penser le chien, pensa Landau). Je fais juste mon travail, le chien. Il aurait voulu la poser dans le siège du salon, bien assise, digne, mais elle était déjà assez raide raide, l’écureuil, avec la forme qu’elle avait prise sur l’épaule, ça culbutait, c’était pas digne du tout. Il la laissa par terre, devant le meuble au regard de renard vitreux, posée bien comme il faut, paisible elle dormait, eut-on dit, sur le côté, dans sa blouse mouillée, un bel arc paisible. Il fallait partir maintenant. Le chien, on met le bouts. Il se dirigea d’un pas décidé vers la porte, le chien se dirigea nul part. Il ouvre la porte, le chien ne bouge pas. Le chien, non!, deux morts aujourd’hui déjà, je ne supporterai pas de te perdre en plus, regard implorant d’Achille, début d’émotion dans le regard du chien, non, je plaisante, allez, salut. Et Landau était sorti. Il avait mis le contact, allumé la radio, ouvert la porte avant. La chien monta en silence, ça lui avait pris sept minutes.