De la neige commençait à recouvrir la cour et les pierres, derrière les clapiers, un grand champ allait s’emplâtrer dans la forêt, le blanc n’allait pas tarder à tout manger, il faisait une tristesse à fendre une vache. Et il n’avait pas pris les chaînes. Pas de pneu hiver, pas de chaînes. Mazette thon. Comment remonter. Il ne regardait déjà plus la photo de ces chiens qu’elle lui collait sous le nez, un noir à truffe blanche et un on ne sait pas vraiment, gris, ça l’encombrait cette histoire de pente, elle était dans une cuvette, le ferme de l’ecureuil, il allait patiner des roues avant et finir contre le muret crépis. Déjà il se voyait accélérer, accélérer encore, faire un bruit de moteur impossible, avec madame Pinot déjà raide des pattes quelque part dans la maison, ce n’était pas envisageable. Il se leva, dis, attendez un instant, je reviens, tenez, faites voir les chiens au chien, peut-être qu’il va reconnaître quelqu’un, et sortit déplacer la voiture. Il était temps, déjà des petites flocons s’accumulaient, pernicieux et saumâtres, sur le chemin. La voiture, fidèle, les écrasa sans pitié. En haut, il trouva une petite trouée dans le végétal pour enfoncer le vehicule sous le couvert des feuilles, c’était plat, elle pouvait toujours venir, la neige. En bas, la ferme disparaissait dans le vague, l’âme ferme, Landau alluma un cigarette et marcha. Il fallait en finir, on y était depuis plus d’une demie-heure maintenant c’était contre toutes les pratiques admises dans l’atterrisage, officiel ou non, on ne trainait pas sur place, quand bien même on fût dans une ferme isolée, à plus forte raison quand on est dans une ferme isolée !, entendait-il même le formateur s’alarmer, ils avaient eu une petite formation avant la prise de poste, les Achille- Hector, un topo technique par d’anciens membre du 13ème régiment de dragons parachustistes, précis et sans fioriture, ce n’est pas la police qui aurait pu faire ça.