La voix, du fils tape dans les yeux, du chien fait remuer la queue. Produire des bouts rimés pour lui échapper, à la vieille, ne pas boire le thé, maman cou coupé. Et comment ça va le travail ? Elle relançait, même technique que d’habitude, le travail de sape, l’usure, parler, lui raconter quelque chose, n’importe quoi (arrête de paniquer, ne pouvait penser le chien, qui était dehors, pensa Landau, resté tout seul, tout seul face à sa mère). Oui, alors, ça va très bien, chevrota le fils, sa dernière mission, assurer la sécurité d’un homme d’affaire, un Turc, qui venait signer un contrat en Suisse, à Zurich pour être précis, oui, il avait peur des Kurdes, les Turcs ont sans cesse peur des Kurdes, ou alors c »était des Israéliens, qui sont menaçant aussi, bien sûr, et un accident est si vite arrivé, il le suivait donc partout et regardait bien autour. Elle le fixait avec ses yeux méfiants en croquant une langue de chat, elle le connaissait, son Landau, avec sa farine, ses histoires où la vie passait trop facile, et l’argent alors, combien. De très bonne heure, nous avons été préparés à cette dure vie d’inaction et aujourd’hui les femmes pas plus que les bijoux ne nous endorment. Se réciter des vers, à l’intérieur pour qu’elle n’entre pas dans les pensées, la pie, mettez près de moi toutes les filles blondes, resister à sa tyrannie, au regard immobile, aux tresses repliées. Le bouquetin sur la tasse de Landau avait le poil luisant d’émail, splendide, la croix de Savoie claquait de rouge sur celle de sa mère, le chien grattait à la porte. Décidément, il ne pouvait pas s’en empêcher, cet animal. Maman, c’est le chien ou moi, eut-il envi de dire. Il ne dit rien, elle croquait la langue de chat avec ses petites dents poitues, le chien pleurait un peu à présent, quelle comédie.