La montagne défilait dans sa tête, les langues de chat tombaient drues, sur la droite le chien s’abritait dans une voiture, il avait le poil en porcelaine, sa mère ricanait dinguement et fouettait l’air avec un martinet méchant debout sur un rocher, tu veux encore du thé, tu veux encore du thé, eh oui, il avait fini sa tasse, tiens, depuis combien de temps , depuis combien de temps ils étaient assis, comme ça, l’un en face de l’autre, du thé, oui, bien sûr, ce n’était pas un martinet, c’était une queue de vache avec des poils fous qu’elle tenait, la vache sans queue était là, à côté, elle broutait, les naseaux enfoncés dans une touffe d’herbe violette, des mouches voletant sous la pluie, allez, la vache, allez, démarre, fonce, écrase-lui le museau, à la vieille, casse le rocher, allez la vache, la vache, il pleuvait de plus en plus, la pie avait le regard un peu affolé pour ses carreaux, elle était déconcentrée maintenant. C’était le moment de se tirer, de se tirer vite fait bien fait, la mort, ce n’était pas pour tout de suite, apprendre à la voir venir à pas lents vers la pie. Tu pars déjà ? Oui, les courses à faire, maman, il court vers la porte, Achille, à bientôt, à bientôt quand même maman, il glisse sur une plaque d’herbe boueuse en sortant trop vite, marche sur le chien, qui se léche les pattes, détendu, allongé, gredin de chien va, s’accorche à un branche pour se rétablir, les sapins ne sont pas toujours méchant, s’arrête. La vallée a disparu sous la brume à nouveau, il est cinq heure. Allez, le chien, viens, on s’en va.