Elle était allée chercher des photos maintenant, ça tournait pénible, cette affaire, le chien s’était mis à gratter la porte, la mort paisible, elle n’aimait pas les photos. Elle se leva, lente, frotta, lente, ses pantoufles sur le petit carrelage écru pour aller lui ouvrir. Landau regardait une photo de deux enfants, ils avaient des têtes de buse, si elle croyait qu’il allait s’attendrir pour si peu, Achille, elle se trompait sec l’écurueil, il en avait atterri des plus larmoyantes, des mamies. Elle revenait à présent, dieu sait depuis combien temps elle revenait, elle allait à deux à l’heure, c’est pas possible d’être aussi lente, le chien suivait, trempé, l’air un peu gêné, il savait bien qu’il venait de forcer l’entrée, le salopiaux, il ne perdait rien pour attendre, il allait finir dans le coffre de la voiture. Elle dit, il est gentil ce chien. Landau aurait voulu exploser. Oui, il est gentil, cet animal, les enfants sur la photo aussi, vous aussi, mais ce n’est pas la question, enfin, merder, il y a des choses qui doivent arriver, c’est tout. Silencieux, il la laissa se rassoir, le chien restait près d’elle, le lâche, Landau lui faisait les gros yeux, tu ne paies rien pour attendre, chacal (allez, sois sympa, dehors c’est programme eau-dans-la-gueule, devait penser le chien, pensa Landau). La mort est plus aisée à supporter sans y penser que la pensée de la mort sans péril, faillit-il enchaîner, mais il se retint, qu’est-ce que ça signifie seulement, il se droguait, Blaise ? Elle tournait l’album des photos, on voyait la ferme avec des animaux, un monsieur en maillot de corps avec de galoches près d’une vache, un tracteur, des poules, des cochons, un pot, du lait, Achille n’en pouvait plus, il allait tout casser.